Les supports bois
Des portraits de la province égyptienne du Fayoum au III° siècle aux icônes, en passant par les panneaux de retable des chefs-d’œuvres de la renaissance à l’époque baroque, on trouve ce type de support depuis les origines de la peinture jusqu’au XVII° siècle de façon majoritaire. D’abord peints à la peinture à l’encaustique puis à la tempera, les supports bois ont ensuite permis de véhiculer grâce à la technique flamande de la peinture à l’huile, un art somptueux qui nous fait encore rêver plusieurs siècles après.
Si le support est solide en apparence, de nombreux facteurs peuvent également conduire à sa ruine : mauvais choix de la partie du bois coupée (le bois, comme la toile de lin est essentiellement constitué de cellulose, ce qui le rend fortement sensible à l’eau, si on choisit une partie du tronc riche en fibres et humide, il n’aura pas de tenue dans le temps et sera très vulnérable: gonflement et retrait, courbures, fissurations, etc), son déplacement ou sa conservation en milieu trop humide, de mauvaises restaurations (pose de parquetage sur des œuvres fendues qui fini par contraindre le support et mène à sa déformation ), enfin les parasites du bois (champignons et attaques d’insectes).
Les supports bois sont délicats à restaurer car ils sont sensibles et sèchent moins rapidement que les œuvres sur toile, ce qui n’est pas sans conséquence sur la couche picturale.
Selon leurs essences, on peut déterminer si l’origine du tableau est nordique ou méditerranéen.
Les châssis
Les premiers châssis sont apparus en renfort des supports bois (pour maintenir leur cohésion) avant de permettre la tension des toiles apparues à l’époque de Raphaël (1483-1520) qui a commencé sa carrière en peignant des oeuvres sur bois et des fresques et qu’il a poursuivit en utilisant ce nouveau type de support, plus léger, moins coûteux et plus facile à faire voyager.
Les premiers châssis sont fixes et simplement renforcés par des des traverses d’angles, ce qui ne permet pas de maintenir sur le long terme la cohésion et la tension. Au XVIII° siècle, on évolue beaucoup sur ce point et suite à de nombreuses recherches, on met au point le châssis à clefs, qui permet par un système de tenons, de mortaises et de petites clefs en bois, de retendre la toile en agrandissant la structure en bois. Les châssis souffrent néanmoins comme les supports bois des mêmes dommages cités pour les supports bois.
Par déontologie, il est recommandé d’essayer de conserver au maximum les matériaux d’origine, mais quand ceux-ci ne permettent plus d’assurer la longévité de l’oeuvre peinte, certains châssis doivent être remplacés.
Les toiles
A l’époque médiévale, la peinture dite « de chevalet » (c’est-à-dire qui peut se déplacer contrairement aux peintures murales) n’existe presque pas, les œuvres picturales se trouvent essentiellement sur des parchemins et dans des recueils de miniatures, plus rarement sur des bannières. Il faut attendre l’éveil de la seconde renaissance (les primitifs italiens étaient fidèles au bois, sans doute sous l’inspiration des icônes de l’Orient) et la génération de Raphaël, donc, pour que la toile remplace progressivement le bois (qui ne disparaîtra jamais complètement, fort heureusement).
Qu’elle soit de lin, de chanvre, de jute, de coton ou de soie, la fibre -composée essentiellement de cellulose- la plus couramment utilisée est la toile de lin tandis qu’en Italie au XVII° siècle, on utilise plutôt du chanvre. Les tissages irréguliers des XVI° et XVII° siècles vont évoluer vers une trame plus fine jusqu’à la mécanisation des toiles apparues avec la révolution industrielle du XIX° siècle. Le coton apparaît surtout au XX° siècle avec l’abstraction américaine. La soie se trouve essentiellement en Asie et concerne des œuvres réalisées avec des encres.
Autres types de support
On trouve des tableaux peints sur de nombreux supports parfois surprenants : les peintures sur cuivre sont courantes (17° et 18° siècle) ainsi que celles sur carton (à la fin du19°s, on peignait aussi sur des couvercles de boîtes à cigare, des morceaux de meubles et de portes…), il existe également des peintures sur plaques de zinc (œuvre religieuse du 19° s), sur isorel ou contreplaqué (peintres modernes), sur peaux de bêtes (tambourins peints d’Afrique du Nord), etc..On trouve par ailleurs des miniatures sur ivoire mais aussi sur cartes à jouer, sur os, sur ardoise, sur or ou sur argent !
Les aquarelles et les gouaches sont à part, elles ont pour support le papier et doivent être confiés à des spécialistes de ce genre.
Principales altérations des supports
* Les bois :
Comme la toile de lin, ils sont essentiellement composés de cellulose, leur proportion en eau influe sur le gonflement et le retrait du bois. Si un tableau sur bois n’est pas conservé avec attention, il sera sensible aux variations climatiques et évoluera de façon très réactive, ce qui peut évidemment entraîner des dégâts tant sur le support que sur la peinture déposée dessus (écaillage).
En dehors des phénomènes plus ou moins normaux que sont les mouvements de fente (rupture de planches anciennement assemblées) et de nœuds apparaissant dans la peinture, le bois est souvent victime des insectes xylophages qui se multiplient selon la teneur en humidité, en cellulose, en protéines, en amidon et en sucre contenus dans le bois. Les œuvres exposées dans des églises depuis plusieurs siècles sont souvent couvertes au dos d’une poussière noire acide, nocive pour le tableau tout autant que pour l’homme.
* Les châssis :
Supportant les mêmes inconvénients que les supports bois, les châssis ont évolué de tous temps pour se révolutionner dans le courant du 19° siècle en adoptant le principe des « clefs », ces petits morceaux de bois en angles qui permettent de retendre les toiles sans les déposer par simple action mécanique. Plus une œuvre sera de grand format et avec des empâtements de peinture importants, plus ces clefs seront indispensables pour une bonne cohésion de la tension.