• Caroline STIL, Diplômée de l'Ecole du Louvre
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Portrait de Jean Bernard, Ecuyer de Catherine de Médicis, année 1559, en sa 22° année

Historique: Jean Bernard est le troisième fils de Nicolas Bernard, premier ancêtre noble de sa famille.

Il est né en 1537 et il a vingt-deux ans au moment du portrait réalisé en 1559 ; il est décédé en 1584 et s’est marié le 22 Novembre 1564 avec Françoise Prisque (de la maison des seigneurs de la Tour-Serville et de Besanceuil).

Jean Bernard était écuyer, capitaine d’une compagnie de gens de pieds par commission de 1575 du comte de Charny, lieutenant général de Bourgogne et nommé écuyer de la reine mère du roi par brevet du 28 juin 1580.

Sources : annuaire de la noblesse française

Histoire de l’art: Ce merveilleux petit tableau, proche de la miniature (18,5 cm X 14,5cm), présente plusieurs points qui pourraient permettre de l’attribuer au portraitiste de la cour de Catherine de Médicis, le flamand Corneille de la Haye, dit « Corneille de  de Lyon » (né vers 1500-mort à Lyon en 1575) :

Ce peintre de la renaissance a vécu principalement à Lyon où sa présence est attestée dès 1533. D’origine protestante, on pense qu’il a traversé les guerres de religion sans être agressé, d’une part en épousant une lyonnaise (ce qui lui a permis d’être naturalisé français et d’intégrer la haute société de Lyon, auprès de son beau-père imprimeur) et d’autre part en étant converti de force au catholicisme en 1569.

Catherine de Médicis a visité son atelier lyonnais en 1564 et lui a commandé de nombreux portraits. Il a créé un style très précis de portraits miniatures à une époque où le portrait d’apparat grandeur nature est toujours de mise dans les grandes cours d’Europe. Corneille de Lyon a su imposer ces petits formats qui ont donné lieu à l’appellation « corneille »souvent sur fond vert (olive ou tilleul), beaucoup plus rarement sur fond bleu ou brun. Les messieurs sont souvent représentés vêtus de noir et portant leurs gants et les dames ont des vêtements beaucoup plus ouvragés. On sait qu’il a eu une très grande production (cent cinquante tableaux répertoriés) et qu’il gardait des copies de ses plus beaux portraits pour montrer à ses clients ses meilleurs ouvrages en exemple. Les plus grand musées du monde possèdent des œuvres de Corneille de Lyon, notamment le Musée du Louvre.

En ce qui concerne ce portrait, il présente plusieurs éléments favorables à une attribution au maître : fond vert, vêtement noir, gants, éclat de lumière dans les yeux, finesse des cheveux et des poils de la barbe représentés un à un en brun et noir, grande qualité picturale, rang important du modèle très proche de Catherine de Médicis et date inscrite en haut à gauche : 1559, qui correspond aux années de maturité de l’artiste et à la grande virtuosité de la réalisation. Une autre source signale deux autres détails qui jouent en faveur d’une attribution à Corneille de Lyon: l’ombre portée délicate tout à fait à droite qui donne une perspective vivante au personnage et une zone sombre tout à fait en haut qui semble dans ses normes de création.

Constat d’état:  Aspect global bien conservé en dehors de deux écaillement sur le bord gauche en haut et toute une zone de fragilité qui va du bord gauche au visage (débuts de soulèvements derrière l’oreille, sur le front, au bord du visage).

La couche picturale est couverte d’un mince reste de vernis très brun (huile de lin cuite ? fiel de bœuf ?) et d’une multitude de taches brunes dans le fond et très visibles sur le visage très inesthétiques. L’ensemble est très encrassé (fumée de cheminée ou de chauffage).

Le tableau est étudié aux ultra-violet afin d’observer la couche picturale dans ses nuances: localisation d’éclats de peinture dorée, relevé d’un repentir du peintre dans le bombé du front à gauche, observation des pertes lors d’une entreprise de retrait du vernis antérieure et très ancienne dans le brun sombre du vêtement mais aussi bonne conservation du dessin du vêtement en noir-la teinte est en partie perdue mais pas le dessin. Le visage est « piqué » en relation avec les réseaux du bois, il souffre d’une « petite vérole » des tableaux.

Le support en bois est en bon état mis à part un début de galerie d’insecte en haut à droite; c’est principalement la couche picturale qui nécessite une intervention: refixage des zones d’écaillement, sondages puis décrassage (en deux étapes pour ne pas agresser la peinture, lui laisser le temps de sécher et pouvoir juger des dosages corrects), retrait de restes de vernis roux après sondages, protection par un vernis réversible, remise à niveau des lacunes et harmonisations des manques du film peint, vernis final.

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