• Caroline STIL, Diplômée de l'Ecole du Louvre
Evénements

2014

* Sept panneaux décoratifs provenant de la chambre de la Marquise de Barbentane- Émile Bussière 1923

Le second décor achevé cette année à l’Atelier du Regard provient du château de Saint-Jean-le-Priche (71), plus exactement de la chambre de la Marquise et se présente sous la forme de sept panneaux de 188 cm de haut et de largeurs différentes; il a été réalisé à la demande de la Marquise par Émile Bussière (1865-1944) en 1923.

L’entreprise de décoration fondée par Victor Bussière à la fin du XIX° siècle a perduré à Mâcon après son décès en 1905 grâce au talent de ses fils Gaston et Émile, dans un contexte d’esthétique ornementale marqué par le souvenir de l’invention du papier peint décoratif « panoramique » par  Joseph Dufour. On leur doit de nombreuses décorations monumentales locales: plafonds et murs de la salle du conseil de la Mairie de Mâcon, chapelles dans l’église St Pierre, la cathédrale, le théâtre et décors conservés au Musée des Ursulines (à ce propos, consulter le précieux et passionnant catalogue de l’exposition du musée sur « Les peintres décorateurs du mâconnais au XIX° siècle »). Les trois Bussière ont régulièrement participé au Salon de peinture de Lyon.

Émile Bussière a également côtoyé cette autre grande figure locale , le peintre Claude Honoré Hugrel (décédé comme lui en 1944). La comparaison s’impose avec l’œuvre de ce dernier « crépuscule mâconnais », restauré à l’Atelier du Regard en 2007 (voir le blog 2007) même type de toile et de châssis, mêmes encrassements et même teinte du vernis devenue totalement jaune et surtout, au bout du travail, la redécouverte d’une même palette chez les deux artistes, celle du début des années 20.

Émile Bussière, Mâcon, 1923: Vue sur la Saône du Parc du Château de Saint Jean avec l’ile: Avant décrassage-avant allègement du vernis et après restauration complète.

Les oeuvres sont parvenues roulées à l’Atelier après avoir été déposées pour leur sauvegarde, le décor réalisé à même le mur du plafond  du vestibule du château par Émile Bussière  en 1891 ayant été repeint en blanc à la vente du château, il a de fait totalement disparu.


Ces décors avaient entre-temps séjourné dans une maison en région parisienne; l’un des panneaux se vit découpé pour être adapté sur une porte de cuisine (un trou étant réalisé à l’usage de la clanche). Tous avaient souffert de perte de matière picturale suite à leur stockage enroulé, plusieurs, faits souvent de deux lais, tenaient par de faibles moyens et réclamaient clairement la remise sous tension sur châssis à clefs, devenant des tableaux de chevalet après avoir été enchâssés dans les boiseries de la chambre de la Marquise.


Celle-ci apparaît dans un repentir sous une couche pas assez épaisse pour la recouvrir totalement: cet aimable clin d’œil à la commanditaire de ce tableau se retrouve par touches dans les panneaux: ici un panier, des gants, une écharpe, un chapeau…et la barque près d’un kiosque est belle et bien celle du marquis !


Émile Bussière a inventé pour la Marquise un décor de jardins éternellement fleuris de roses, une promenade automnale dans le parc, un véritable jardin intérieur.


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